Stress au travail

« Piment de la vie ou baiser de la mort », tel est le sous-titre du rapport européen sur le stress au travail. En effet, bien qu’indispensable à la vie et lui donnant du goût, le stress représente aussi une menace pour notre santé.

On sait que le stress multiplie par 3 les risques cardio-vasculaires. Il est également largement responsable des troubles musculaires, les maladies professionnelles les plus fréquentes. Quant aux conséquences psychologiques, elles sont de plus en plus alarmantes. Selon les enquêtes, entre 10 et 20% des salariés souffrent de dépression, d’anxiété ou d’épuisement. En quelques années, les risques psycho-sociaux sont devenus les premiers risques pour la santé des salariés.

Qu'est-ce que le stress ?Mais finalement, savez-vous vraiment ce qu’est le stress ? Bien sûr, vous l’avez expérimenté. Mais savez-vous ce qui se passe dans votre corps ? Connaissez-vous les différentes manières de réagir et de s’adapter ? Savez-vous pourquoi certaines personnes sont plus susceptibles que d’autres d’être en situation de stress chronique ?

Voici un premier article sur ce sujet !

 

Qu’est-ce que le stress ?

Le stress n’est pas un processus pathologique mais une formidable réaction de notre organisme pour s’adapter aux menaces et aux contraintes de notre environnement. Le stress, c’est la vie et, sans stress, il nous est impossible de vivre. C’est donc un véritable non-sens que de chercher à éliminer le stress lorsqu’il devient une difficulté.

La biologie du stress

Dans une situation de stress, c’est-à-dire à chaque fois que nous sommes confrontés à une situation qui nécessite potentiellement une adaptation, nous sommes le siège de réactions biologiques, à la fois nerveuses et hormonales.

La phase d’alerte : l’adrénaline nous permet d’agir

Notre corps se met en branle pour réagir face à un agent stressant. Cela se passe au niveau :

  • Cardio-vasculaire : augmentation de la fréquence cardiaque, vasodilation au niveau des muscles, dilatation des pupilles,
  • Respiratoire : augmentation de la fréquence et de la profondeur de la respiration,
  • Musculaire : augmentation du tonus des muscles,
  • Cutané : vasoconstriction, augmentation de la sudation, horripilation (les poils se dressent),
  • Digestif : diminution de la motilité digestive (la digestion se ralentit, voire s’arrête),
  • Sanguin : diminution du temps de coagulation du sang, augmentation de la glycémie.

 

Flight or fight responseTous ces changements dans la physiologie de notre corps permettent d’apporter rapidement et massivement de l’oxygène, à la fois dans notre cerveau et dans nos muscles. C’est la « flight or fight response » (réponse fuir ou combattre), accompagnée aussi d’une augmentation de notre vigilance.

Cette réaction biologique innée et spontanée était parfaitement adaptée pour l’homme de Cro-magnon devant faire face à une bête sauvage ! Aujourd’hui, pour l’être humain au travail, cette réaction s’avère souvent inutile car inadaptée aux stresseurs actuels, qui sont beaucoup plus psychologiques que physiques. C’est pourquoi il nous faut presque constamment inhiber cette réaction primaire.

La phase de résistance : les glucocorticoïdes nous permettent d’endurer

A côté du premier système biologique, représenté par l’adrénaline, il existe un second système biologique, très différent, mais aussi fondamental. Il se met en action lorsque l’agent stresseur se maintient. L’hypothalamus puis l’hypophyse commandent à nos glandes surrénales de produire des glucocorticoïdes. Leur rôle est d’augmenter le métabolisme de base de l’organisme. Face au stresseur, il faut « tenir le coup ».

La psychologie du stress

Nous ne sommes pas égaux face au stress. Une approche individualisée et donc nécessaire. En situation de stress, nous ne recevons pas les informations de manière passive. Nous sélectionnons certains des messages qui nous parviennent et nous en laissons d’autres de côté. D’où une interprétation subjective et souvent variable des divers événements qui nous arrivent dans une journée.

La double évaluation

Face à une situation stressante, nous procédons instantanément à son évaluation, de manière éminemment subjective, selon deux éléments :

  • le risque ou la menace que peut contenir la situation
  • les ressources en notre possession pour y faire face

Evaluation d'une situation stressanteCes 2 catégories d’évaluation sont automatiques et rapides et, par conséquent, rarement le résultat d’une analyse rationnelle de notre part. Elles sont, bien sûr, complètement subjectives et dépendent largement de notre personnalité, de nos expériences passées et des souvenirs que nous avons gardés de situations semblables ou du passé. Quoiqu’il en soit, nos évaluations vont déterminer le déclenchement ou non de la réaction de stress. Le stress va se manifester si nous avons évalué que nos ressources étaient insuffisantes par rapport à la menace.

Ces deux évaluations peuvent interférer et subir parfois un véritable phénomène d’« emballement ». Après avoir évalué que nous n’avions pas les moyens d’affronter une situation, il y a de fortes chances que notre cerveau procède alors à une réévaluation du stresseur qui va être perçu comme étant encore plus menaçant que nous l’avions jugé initialement. Nos évaluations entrent alors dans une véritable spirale ascendante pouvant conduire à des niveaux de stress très élevés. Nous sommes dans un stress délétère.

Percevoir dans une situation qu’il y a un enjeu et en même temps que nous pouvons y faire face est l’attitude psychologique qui transforme le stress en challenge. Et le stress négatif en stress positif.

Le contrôle des situations

Des expériences scientifiques montrent que :

  • le contrôle de la situation réduit le stress,
  • ce n’est pas la réalité du contrôle mais le sentiment de contrôle qui est le facteur essentiel de la réduction du niveau de stress.

En conséquence, plus la demande est forte et le contrôle faible, plus le salarié est stressé. C’est le travail contraignant (charge de travail importante et faible marge de manoeuvre) qui soumet la santé des individus aux plus grands risques, en multipliant par 5 ou 6 le danger d’avoir un infarctus du myocarde ou une dépression.

En permanence, nous attribuons une cause aux événements que nous rencontrons dans notre vie. Deux types de tendance existent parmi les individus :

  • Les « externalistes » : ce qui nous arrive est dû à une sorte de destin extérieur. « Je n’ai pas de chance », « Je n’y suis pour rien ».
  • Les « internalistes » : ce qui nous arrive dépend de nous-mêmes, de nos efforts, de nos attitudes. « Quand on veut, on peut… ».

Stress au travailStress au travailToutes les études montrent que les internalistes sont moins sensibles au stress que les externalistes, parce qu’ils ont développé un système de pensées tel qu’ils ont en eux-mêmes plus de ressources pour contrôler les événements.

 

Les stratégies d’adaptation

Le « coping » (du verbe anglais to cope) est défini comme la façon dont nous raisonnons et agissons pour remédier aux aspects négatifs d’une situation stressante.

L’étude des copings chez l’homme a profondément bouleversé notre façon de concevoir le stress. On ne cherche plus à décrire et à comprendre les réactions de stress par les stresseurs mais par la façon dont la personne gère la situation. Les émotions, les raisonnements et les comportements d’un individu en situation de stress déterminent largement la manière dont va se développer sa réaction. Ces copings modulent les effets négatifs du stress et semblent primordiaux dans la genèse des maladies liées au stress.

Ces processus de coping ne sont pas des traits de personnalités inhérents à l’individu mais des stratégies d’ajustement que l’on adopte en fonction du stresseur.

Ils peuvent être orientés soit vers :

  • la diminution du stress (relaxation, penser à autre chose…) : coping « centré sur l’émotion »,
  • le contrôle de la situation stressante (mettre en place des actions pour résoudre le problème) : coping « centré sur le problème ».

On peut aussi classer les copings par :

  • le coping évitant caractérisé par des comportements de fuite, d’évitement ou d’agressivité ou par des attitudes de déni, de résignation ou de fatalisme. Ce coping réduit la tension émotionnelle. Il s’agit d’une stratégie passive.
  • le coping vigilant qui se manifeste par la recherche d’informations, de soutien social, le développement de plans d’action et la recherche de moyens. Ce coping traduit l’affrontement de la situation. Il s’agit d’une stratégie active.

Mais quelle est la stratégie la plus pertinente ?

Stress au travailDans le domaine du stress professionnel, plusieurs études ont montré que le coping centré sur l’émotion, ou coping évitant, pouvait avoir à long terme des effets nocifs. Il induit un niveau élevé de dépression et d’insatisfaction professionnelle.

 

Stress au travailAu contraire, le coping centré sur le problème, ou coping vigilant, s’avère le meilleur pour l’individu car il limite les effets négatifs des stresseurs sur la santé physique et mentale.

Finalement, quand on peut agir sur la situation, les copings centrés sur le problème sont les plus utiles. En revanche, les copings centrés sur l’émotion aident provisoirement l’individu lorsque le stresseur n’est pas contrôlable, en attendant de pouvoir assimiler la situation et de mettre en place des stratégies d’adaptation plus actives.

Et vous, comment réagissez-vous ?

Etes-vous plutôt « externaliste » ou « internaliste » ? Avez-vous des stratégies d’adaptation plutôt centrées sur l’émotion ou sur le problème ?

Prendre conscience de comment l’on réagit et l’on s’adapte au problème en situation réelle permet déjà de prendre un peu de distance.

 

Dans un prochain article, je vous parlerai des conséquences du stress chronique et des types de personnalités plus sujettes au burn-out que d’autres.

 

Aline Jacomet

 

Pour en savoir plus : « Le stress au travail, un enjeu de santé » Patrick Légeron – Editions Odile Jacob

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